← Retour Actualités Dans la peau d'un traducteur

Un film sur « les Traducteurs », avec Lambert Wilson !

Quoi ? Vous n’êtes pas encore au courant ?

Si, si, c’est bien vrai : le 13 janvier 2020 est sorti un film qui parle de notre métier : « Les Traducteurs » ! Avec quand même Lambert Wilson dans le rôle star !

Alors pour une fois que l’on met en avant ces hommes de l’ombre que sont les traducteurs, il m’a semblé intéressant de s’arrêter quelques minutes sur le sujet.

Le scénario ?

Neuf traducteurs triés sur le volet sont confinés dans un luxueux bunker afin de traduire le dernier roman d’un auteur très connu en un temps record. Mais malgré ces précautions, les dix premières pages du livre sont dévoilées sur Internet.

La bande-annonce 

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=261613.html

Pour être honnête, je n’ai pas (encore) vu ce film ! Je ne pourrais donc pas vous donner mon avis personnel. Et je dois dire qu’en voyant la bande-annonce, j’ai eu un peur de ce que l’on allait y trouver et de la manière dont les traducteurs seraient dépeints. Que l’on soit en décalage avec la réalité.

La traduction littéraire

Notamment parce que le film aborde en fait une face (très) cachée de notre métier, la traduction littéraire, qui vit dans un monde à part, en dehors de l’économie traditionnelle du monde de la traduction, puisque les traducteurs littéraires sont bien souvent rémunérés en droits d’auteur et non sur la base d’un prix par mot comme c’est le cas pour la plupart de nos confrères. Mais aussi parce que la traduction littéraire ne représente qu’une infime partie de notre métier, qu’elle a son propre fonctionnement, si bien que l’on a tendance à oublier qu’elle fait partie intégrante de notre monde à nous. Et pourtant, quand il pense « traducteurs », le grand public pense certainement bien souvent au traducteur littéraire (qui a par exemple eu la chance de traduire tous les « Mary Higgins Clark » ou la série des « Harry Potter ») ou (malheureusement), aux (mauvaises) traductions des notices techniques et autres modes d’emploi ! Il pense aussi très certainement aux traducteurs automatiques en ligne, en se demandant pourquoi il existe encore des traducteurs humains (ah bon, il y encore des traducteurs ?) !

Le bunker

Au-delà du fait que le réalisateur a voulu s’attaquer aux traducteurs sous l’angle « littéraire », il a aussi choisi un cadre plutôt inhabituel. Le bunker est certes un lieu atypique et l’on pourrait tout à coup penser que la traduction est enfermée à double tour, telle une pierre précieuse, mais là n’est pas trop le problème, car pour des questions de praticité ou de confidentialité, c’est rare, mais il arrive qu’un client requiert la présence sur site du ou des traducteurs travaillant sur son dossier, donc qu’il les confine. Cette situation n’est donc pas totalement inopportune. Mais le traducteur relève plus du loup solitaire qui abhorre le bruit ambiant pour mieux se concentrer que de l’expert en networking et autres relations sociales. Alors, confiner une dizaine de traducteurs dans une même pièce pour qu’ils travaillent tous ensemble sur un même projet……ça relève carrément du défi ! Car on imagine très souvent le traducteur en train de travailler sur son petit bureau de bois, limite en train de taper son travail à la machine, coupé de tous et de tout….et pourquoi pas encore en pyjama et robe de chambre ! Ah oui, n’oublions pas le petit thé ou café qui refroidit sur le bord du bureau. Alors c’est vrai que pour qui connait le monde de la traduction, on a du mal à s’imaginer cette petite dizaine de fans de la traduction, regroupés en open space, avec tous les inconvénients que cela comporte en termes de concentration et d’efficacité du traducteur. Mais il semble que le réalisateur se soit inspiré ici de Dan Brown, qui, en 2013, pour son livre Inferno, a enfermé pendant presque 2 mois une dizaine de traducteurs dans un bunker d’Italie, près de Milan, traduisant son livre dans le plus grand secret en 6 langues ! (pour en savoir plus, n’hésitez pas lire cet article).

La confidentialité

En revanche, on comprend aisément la raison de réunir ce petit groupe : le maintien de la confidentialité ! Et ça, ça nous parle. Car nous qui avons à traiter tous les jours des informations confidentielles pour nos clients, il n’est pas un jour où la question de la confidentialité ne refait surface. C’est la plus grande hantise de nos clients. Qu’il y ait une fuite ! Et que cela se répercute sur leur société, le cours de l’action,…..Alors oui, la raison invoquée pour regrouper tous ces traducteurs au sein du bunker est totalement plausible, car inhérente à notre métier. Et elle l’est d’autant plus dans notre monde hypra numérique où toute fuite peut prendre une échelle désormais planétaire….en un coup de clics !

Pas d’internet

C’est d’ailleurs pour cette raison que le réalisateur enferme nos gentils traducteurs dans un bunker….sans aucun accès internet ! Et là, ce n’est pas gentil du tout ! Car de nos jours, un traducteur sans internet…..ce n’est plus vraiment un traducteur ! Il est vrai que jusqu’à l’arrivée d’internet à la fin des années 90, les traducteurs n’avaient pas internet et faisaient sans ! Donc ce petit groupe dans le bunker y arrivera aussi ! Mais on ne peut pas nier que l’avènement d’internet a constitué un virage à 360 degrés pour le traducteur qui, en 1 clic, a désormais accès instantanément à une mine d’or en informations ! Alors oui, je sais, il faut être prudent et se méfier de ce que l’on trouve sur internet. Il n’empêche….internet a révolutionné notre métier. Alors imaginez ces traducteurs travaillant sans alors que cela fait partie de leur quotidien !

Un bon thriller à la James bond

Alors….ce film vaut-il la peine ? A en croire les critiques, le scénario fonctionne et, le temps d’un instant, mélange le mondes des traducteurs à celui de James Bond pour un thriller qui nous tient semble-t-il en haleine ! Alors….à vos traducteurs ! Et dites-nous ce que vous en pensez !