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Le 30 septembre, c’est la St Jérôme, patron des traducteurs du monde entier. Mais qui est-il vraiment ? Petit rappel historique !

Tous les ans, je vous en parle à cette même époque. Mais au fait, c’est qui ce St Jérôme ?
Et pourquoi est-il devenu un Saint et le patron de notre beau métier ?

Les traducteurs sont des « petites mains » qui travaillent dans l’ombre. Mais ils jouent un rôle essentiel et ont bien souvent contribué aux plus grandes avancées de l’histoire, sans qu’on le sache forcément.

Demandez à J.K. Rowling ce qu’elle en pense : quel succès « Harry Potter » aurait-il eu sans les prouesses de nos amis linguistes qui ont traduit sa célèbre saga en plus de 80 langues ?

Jérôme de Stridon, lui, il est surtout connu pour avoir passé 34 ans de sa vie à traduire la Bible. Cela ne ressemble-t-il pas à l’œuvre de toute une vie ?

Jérôme est né vers 347 à Stridon et est mort le 30 septembre 420 à Bethléem. Après des études à Rome, il part pour la Terre Sainte en 373, où il sera nommé prêtre, à Antioche. En 383, le pape Damase 1er le choisit comme secrétaire et lui demande de traduire la Bible en latin.

La Vulgate

Jérôme est un érudit de langue latine à une époque qui implique de parler couramment le grec. Doté également de solides connaissances en hébreu, il rend possible une évolution très importante pour l’histoire du christianisme occidental. En effet, la majorité des écrits bibliques sont à l’époque en grec, avec la traduction de la Septante. Or, cette traduction grecque de la Bible est connue dans le monde latin (ou occidental) sous différentes versions. De plus, de nombreux débats théologiques animent avec passion les cités grecques, alors que le débat théologique en Occident est beaucoup moins intense. Les traductions de commentaires d’Origène ainsi que d’écrits de Didyme l’Aveugle contribuent à enrichir la connaissance par les chrétiens latins des écrits des auteurs orientaux.

Lorsque Jérôme commence son projet de traduction, il pratique donc un peu l’hébreu, mais il se rend à Bethléem pour parfaire sa connaissance de la langue et améliorer son approche de la technique juive du commentaire scripturaire.

Il existe alors trois versions, une traduction africaine utilisée par Tertullien, une autre utilisée par les Églises occidentales et enfin la dernière, italienne, attestée par Ambroise de Milan et Augustin d’Hippone. Jérôme préfère la version latine utilisée par Ambroise. Néanmoins, très vite, il déplore la multiplicité des traductions latines, aujourd’hui rassemblées sous le vocable Vetus Latina. Il s’efforce tout au long de sa vie de chercher les meilleures traductions et de les composer lui-même. Ainsi, au début, il utilise les différentes versions grecques de la Bible, dont la Septante, puis progressivement s’appuie sur les écrits hébraïques de la Bible afin d’affiner la traduction.

L’utilisation de l’hébreu pour l’exégèse est alors relativement rare. En parallèle, Jérôme continue à étudier l’hébreu et défend l’existence d’une « veritas hebraica ». Cette volonté de retrouver l’origine des textes, mais surtout sur l’hébreu, est alors une radicale nouveauté dans le christianisme, dans la mesure où celui-ci ne s’est fondé jusqu’alors que sur la Septante ou ses traductions. Jérôme de Stridon enrichit ainsi la recherche sur la Bible, ce qui permet aussi une plus grande exégèse en se fondant sur cette vérité hébraïque. Ses études sur la traduction et la signification hébraïque des mots conduisent à développer l’exégèse au sein du christianisme. Cette utilisation lui est reprochée par Augustin d’Hippone, qui craint les divisions sur les traductions de la Bible, et par Rufin d’Aquilée, pour qui l’utilisation de l’hébreu conduit à remettre en cause la nouveauté du christianisme.

Lors de l’étude d’un texte biblique, Jérôme observe les différentes traductions existantes, latines, grecques et hébraïques. Ces différentes versions lui permettent de trouver le sens le plus proche de l’écrivain inspiré. Une fois la traduction faite, Jérôme recherche le sens historique du passage biblique, puis le sens allégorique de chacune des versions traduites avant de les comparer. Jérôme n’hésite pas à comparer un texte biblique à d’autres textes de la Bible afin de pouvoir expliquer les passages difficiles

La connaissance du grec et du latin de Jérôme lui permet progressivement de développer une traduction unifiée de la Bible. L’unification progressive de la traduction faite par Jérôme est connue sous le nom de Vulgate. Il vient à bout de cette entreprise vers 405.

Même si la version de Jérôme a du mal à s’imposer aux ve et vie siècles du fait de l’opposition d’Augustin d’Hippone et de Grégoire le Grand, elle devient progressivement la norme au sein des Églises occidentales dès les viie et viiie siècles, au point de devenir lors du concile de Trente la version officielle de l’Église catholique.

Il meurt en 420. D’abord enterrés à Jérusalem, ses restes sont ensuite transférés à la basilique Ste-Marie-Majeure de Rome. Les catholiques le considèrent comme l’un des Pères de l’Eglise. Il est d’ailleurs qualifié Docteur de l’Eglise depuis 1298 et est considéré comme le patron des traducteurs en raison de sa révision critique de la Bible.

Depuis lors, le monde de la traduction le fête chaque 30 septembre.

Alors profitons de cette journée particulière pour fêter tous nos amis et partenaires traducteurs !