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Retour sur la conférence CNET 2019

Photo de la ville de Paris vue de Montmartre

Au Terrass Hotel de Paris Montmartre avait lieu les 6 et 7 juin derniers la Conférence annuelle de la CNET (Chambre Nationale des Entreprises de Traduction), dont Over the Word est membre depuis 2010.
Retour sur cet évènement important chaque année pour notre secteur d’activité et qui constituait là mon « baptême du feu » non seulement en matière d’organisation de conférence, mais aussi et surtout en tant que tout nouveau Président de l’association (depuis fin 2018).

Le public

Il faut croire que les sujets proposés et/ou le cadre intéressaient vivement, car nous avons été ravis de compter sur un public venu en masse ! Tout est relatif, bien sûr, mais on comptait pas loin d’une soixantaine de participants issus d’autant de sociétés, soit l’un des meilleurs scores jamais réalisés : sociétés de traduction (de toutes tailles), des membres CNET, bien sûr, mais aussi des non-membres venus « s’informer », quelques traducteurs indépendants également, tandis que la SFT était elle-même représentée. A noter la présence de quelques acteurs de marchés de traduction venus de l’étranger, en provenance d’Allemagne et de Pologne.

Les sponsors

Les sponsors étaient également là en nombre cette année.
Parmi les présents :

Reverso

SDL TRADOS

Mysoft

CI3M

LBS software

Cabinet Cabanes Assurances

Eureca RH

Apolonica

Contenu général

Après une tentative de sortir des sentiers battus en 2018 en axant la dernière conférence sur 1 unique thème principal, retour cette année à du traditionnel : l’information « métier », la veille technologique. Car notre secteur y est particulièrement sensible.
La matinée fut organisée autour du sujet « chaud » du moment dans notre secteur, la TA ! Entendez par là : traduction automatique ! Tandis que l’après-midi était consacré à une analyse du secteur et une conférence sur un thème plus commercial.

Intervenants

Les défis de la traduction automatique – Gaetan Chretiennot

Alors que les logiciels de TAO (traduction assistée par ordinateur) ont révolutionné les agences de traduction depuis 15 ans, comme nous l’a expliqué Gaetan lors de son intervention, l’outil de traduction automatique constitue non pas l’avenir de nos processus de traduction, mais bien le présent immédiat ! Car la TA (traduction automatique) est déjà là et bien là. La technologie existe. Pour preuve, à titre privé, qui ne s’improvise pas traducteur en utilisant la traduction en ligne pour traduire dans sa langue cible un texte d’une langue source qu’il ne maîtrise pas ? Certes, on obtient parfois un résultat mitigé où la ponctuation, la linguistique et la terminologie laissent à désirer. Mais le traducteur en ligne est là, il existe, et on utilise déjà tous ces outils de traduction. Skype a déjà intégré le traducteur automatique dans ses outils de reconnaissance vocale. La question n’est donc plus de savoir si l’on va utiliser ce nouveau logiciel de traduction, mais comment et quand on va commencer à l’intégrer et l’utiliser. Gaetan a ainsi parfaitement expliqué qu’il ne fallait pas s’effrayer de l’arrivée de ces moteurs de traduction et de leurs algorithmes infernaux, mais qu’il fallait au contraire les voir comme de nouvelles opportunités d’affaires, de nouvelles sources de revenus potentiels. Car avec la mondialisation, le volume de traductions va croissant et il n’y pas assez de traducteurs dans le monde pour assurer tout ce volume, tandis que les prix baissent et que les délais sont toujours plus courts. La traduction automatique permet donc de gérer de nouvelles opportunités multilingues. Le challenge de toute société de traduction est donc de sélectionner l’outil de TA le plus adapté à son entreprise. Et de veiller ensuite à ce que ses traducteurs, internes et externes, acceptent de les utiliser. La question de leur rémunération sera donc stratégique. Mais la question de la confidentialité des données des clients traitées par ces outils de traduction neuronale le sera certainement tout autant. Les sociétés de traduction font donc face à un nouveau défi de taille, mais il est passionnant. Charge à chacun de trouver comment le relever !

Analyse à 360 degrés du post-editing – Françoise Bajon

Parler de la post-édition en faisant suite à une intervention sur la traduction automatique était finalement une suite tout à fait logique, puisque cette étape fait partie intégrante d’un projet de traduction automatique ! L’assistance était donc toute ouïe lors de l’intervention de Françoise qui, du haut de ses déjà 10 ans d’expérience en la matière (on peut parler ici d’une pionnière de la TA !) nous a expliqué qu’il pouvait exister plusieurs types de post-édition :

Le post-editing léger : contrairement aux idées reçues en la matière, ce n’est pas un exercice facile. Car s’il est réalisé par un traducteur professionnel, celui-ci risque de s’y perdre…..et de faire plus de changements que nécessaire. Dans ce type de projet de traduction, le post-éditeur doit se contenter de faire un contrôle rapide pour vérifier le sens global, quitte à laisser des erreurs, notamment stylistiques, terminologiques et orthographiques. Le but est d’aller vite et que le texte soit juste compréhensible. On peut donc être fortement tenté d’en faire trop…..mais aussi pas assez ! Car le traducteur qui se lance dans une post-édition légère peut être tenté d’aller trop vite….et de ne pas faire les changements qu’il faut.

Le post-editing complet : à priori plus facile à réaliser que la version « light » ! Car cela fait davantage appel aux compétences traditionnelles du traducteur. Car on doit ici se rapprocher le plus possible de la traduction dite « humaine » ou bio-traduction. Mais attention à ce que les traducteurs n’y passent pas trop de temps non plus, car il faut que l’exercice reste quand même plus rentable qu’une totale traduction du document.

Une fois que l’on a bien compris la différence entre ces 2 niveaux, Françoise nous a bien expliqué que s’imposaient ensuite les questions suivantes :

Profil du post-éditeur : nos traducteurs habituels de métier, même si ils travailleraient ici encore vers leur langue maternelle, seraient-ils finalement les candidats naturels au post-editing ou n’auraient-ils finalement pas le bon profil ? Françoise a également soulevé cette question : le post-editing serait-il également plus adapté à la nouvelle génération, férue de nouvelles technologiques et plus souples en la matière ? Mettre en place la TA est un défi. Trouver des post-éditeurs en sera un autre.

Tarification : une fois le post-éditeur trouvé, l’autre sujet sensible est la question de sa rémunération : au mot ? à l’heure ? Quel que soit le choix fait, il faudra aborder le sujet, en débattre, et s’accorder !
La post-editing est donc une nouvelle discipline et devrait donner de nouveaux débouchés linguistiques et aboutir à de nouvelles formations en la matière. Dans tous les cas, il ne viendra pas remplacer la bio-traduction, mais il en sera le parfait complément !

Etude de cas – mise en place d’un outil d’intelligence artificielle chez Ubiqus – Grégoire le Bideau

Membre du CA de la CNET, Grégoire est venu nous expliquer comment Ubiqus a abordé le sujet de l’IA comme aide à la traduction. Plutôt que de recourir à la traduction automatique proposée par des services tels que Systran ou Google Traduction, Ubiqus étant dirigé par un ingénieur de formation passionné des nouvelles technologies et de la traduction, s’est alors rapidement imposée l’idée de développer un système de TA en propre. Avoir son système de traduction neuronale permet dans tous les cas de mieux gérer le traitement confidentiel des données des clients qui, ainsi, ne transitent pas via des sites de traduction tiers, même hors connexion. Développer un tel programme de traduction a un coût….celui de la tranquillité ?

Analyse du marché français de la traduction – Konstantin Dranch

Konstantin Dranch est un habitué de la conférence CNET puisqu’il était déjà venu nous parler du marché de la traduction mondiale il y a quelques années. Cette fois-ci, il s’est concentré sur le marché français pour témoigner des évolutions majeures survenues en à peine 2 ans ! Car le marché évolue tellement vite en ce moment que Konstantin a constaté que 8 des leaders du TOP 20 français de 2017 avaient disparu depuis….pour être rachetés par un autre de ces leaders ! Autrement dit, le marché s’est resserré entre les mains des plus gros, pour creuser un fossé, voir un trou béant entre ces gros et les autres, puisque le segment des entreprises françaises de taille moyenne (5-20 millions d’euros) a quasiment disparu. Konstantin a fini sa présentation sur une note optimiste en ajoutant que cette situation ne pouvait que profiter aux petites entreprises les plus performantes et les plus actives à se tailler une part du marché laissé vacant du fait de la concentration des plus gros sur les gros contrats.

Vendre à l’ère du numérique – Michael Aguilar

Michael Aguilar était déjà intervenu à la conférence CNET, il y a quelques années, pour nous expliquer comment nous pouvions contribuer à améliorer la performance de nos commerciaux. Cette fois-ci, c’est pour nous parler de la disparition du commercial à l’ancienne qu’il intervenait, pour nous expliquer que l’avènement du tout numérique avait complètement bouleversé la fonction commerciale. Auparavant, le commercial avait entre autres pour fonction de nous informer sur le produit ou service qu’il vendait. Aujourd’hui, avec internet, le consommateur accède très facilement au savoir et aux connaissances. Et peut donner son avis sur tout ! Il ne souhaite donc plus faire appel à un commercial qu’en dernier recours, c’est-à-dire si il lui manque une dernière information ou pour finaliser la vente. L’ancien commercial est mort, vive le nouveau commercial, qui doit se réinventer face à cette ère numérique.

Pour découvrir l’événement en images, c’est par ici !