L’intelligence artificielle est partout. Il est difficile de l’ignorer tellement elle se développe rapidement et dans tous les secteurs. En très peu de temps, elle a aussi révolutionné notre métier. Contribuant largement à la prolifération de la traduction automatique.
Car qui n’a jamais rêvé d’obtenir une traduction instantanée d’un texte écrit dans une langue étrangère ?
Les textes produits par la traduction automatique paraissent de plus en plus précis et bien rédigés. Mais attention au « mirage » ! Car s’ils paraissent « jolis », sont-ils pour autant « publiables » ? Peut-on faire confiance à 100% à la « trad auto » ? Est-elle adaptée à un usage professionnel ? L’affaire n’est pas aussi simple qu’il n’y parait.
Un peu d’histoire
Cela fait déjà quelques années que l’on entend parler de traduction automatique, encore appelée « machine translation ». Basée initialement sur des systèmes statistiques (peu performants !), la traduction automatique a mis du temps à prendre son envol.
Mais avec l’avènement de l’intelligence artificielle et les systèmes basés sur des neurones (artificiels eux aussi !), elle avance désormais à grands pas. Car à présent, la machine apprend, toute seule, de plus en plus vite et de mieux en mieux. Ce qui permet à de nombreuses applications d’intégrer ces outils neuronaux et de traduire instantanément des millions d’informations en temps réel. Mais si ces « traducteurs automatiques » sont très utiles et performants pour un usage privé, peut-on s’en servir à titre professionnel ?
Un marché de niche….pour l’instant
Selon certaines statistiques, le marché de la traduction automatique représente environ 50 millions d’euros, soit à peine 1% du marché mondial de la traduction. Autrement dit, pour le moment, la traduction automatique, n’est qu’une niche : elle est beaucoup plus « visible » que vraiment utilisée dans les milieux professionnels. Mais on sent bien la tendance s’inverser, et ce, à vive allure. En tout cas plus rapidement que pour la TAO. Pour preuve, les plus grands groupes mondiaux du secteur de la traduction essaient de plus en plus de produire leurs projets à l’aide de la TA. Alors pourquoi cette course effrénée ?
La traduction s’industrialise…pour une productivité toujours plus renforcée
Malgré la crise récente de la Covid, avec la globalisation croissante, les volumes à traduire ne cessent d’augmenter alors même que le nombre de traducteurs dans le monde demeure lui assez stable. Et si le volume qu’un traducteur peut varier d’un linguiste à l’autre, il n’en demeure pas moins que l’homme n’est pas une machine….et que même si il est très productif, sa production quotidienne ne dépassera jamais les 2500-4000 mots/jour. Pour produire toujours plus, les entreprises du secteur font leur maximum pour ne plus confier aux traducteurs que les tâches vraiment liées à de la traduction, ou, via les logiciels de TAO, en ne leur faisant plus traduire 2x la même phrase. Certains traducteurs utilisent même des logiciels de dictée vocale pour augmenter leur production journalière. Même les contrôles qualité sont à présent automatisés. Autrement dit, tout est fait pour atteindre une productivité supérieure, et le traducteur fait partie intégrante de cette chaîne de productivité. Mais s’il faut admettre que la machine ne surpasse pas encore l’homme dans la compréhension de certains textes, l’homme ne sera jamais aussi productif que la machine qui peut produire en quelques instants des millions de mots. Et c’est pour cette raison que, en dépit de ses erreurs encore récurrentes, la traduction automatique se développe à vitesse grand V.
La traduction automatique à usage professionnel ?
La TA se développe d’autant plus qu’avec l’intelligence artificielle, elle s’améliore toute seule. L’homme peut aussi l’aider. En l’entraînant et en l’abreuvant de textes, on peut améliorer ses résultats. Etant donné la précision et la fiabilité de plus en plus proche de l’humain des logiciels de traduction automatique, il est donc tout à fait envisageable d’imaginer qu’une traduction réalisée « automatiquement » puisse servir de base à une traduction professionnelle. Mais elle ne peut servir que de base. Il faudra qu’elle soit relue/validée par un linguiste humain. C’est ce qu’on appelle du post-editing. Car ne vous y trompez pas : peu importe la machine, s’il est indéniable qu’elle traduit de grandes quantités de textes quasi automatiquement et qu’elle surpasse ainsi sans conteste l’homme en rapidité….. la machine n’est pas (encore) capable de traduire sans faire d’erreurs. Elle traduit rapidement. De plus en plus efficacement. Mais pas sans erreurs. Et pas forcément non plus dans le style souhaité.
Car la langue est un système complexe. Qui varie d’une langue à l’autre. Et la machine n’en comprend pas encore toutes les nuances.
Un moteur de TA, oui….mais pas n’importe lequel !
D’autant qu’il existe pléthore d’outils de traduction automatique en ligne. Notamment des gratuits, accessibles au grand public…et peu recommandables pour un usage professionnel. Pour des questions de qualité évidentes, puisqu’ils se nourrissent de tout ce qu’ils trouvent sur internet sans aucune vérification préalable. Le moteur de TA peut donc produire une traduction….mais est-elle juste pour autant ? Car si le moteur s’alimente en données erronées…il produira forcément des traductions erronées ! ET que dire de l’aspect « confidentialité ». Si vous utilisez un moteur gratuit pour vos traductions professionnelles, veillez bien à ce que vos textes ne comportent pas d’informations confidentielles….faute de quoi, elles seront immédiatement diffusées sur le net et potentiellement réutilisables parle moteur de TA concerné.
Avec la prolifération de la TA, les moteurs de TA destinés aux professionnels, et donc payants, prolifèrent tout autant. Il est difficile d’en recommander un en particulier. Car chaque moteur a son propre fonctionnement. Et donc des résultats potentiellement différents de ceux de son concurrent, puisque chacun « entraîne » son moteur avec un mode de fonctionnement et des données différents. Certains permettent par exemple de créer des moteurs spécialisés. D’autre pas. Si vous souhaitez utiliser un moteur de TA, testez-en plusieurs et analysez les résultats pour voir quel outil répond le plus à vos attentes. Mais n’oubliez pas :
- peu importe le moteur de TA choisi, il y aura toujours un travail de post-editing à réaliser. ET il vaut mieux qu’il soit réalisé par un linguiste. Vous aurez donc toujours à externaliser votre projet à un linguiste, mais avec moins de traduction….et plus de post-édition.
- vérifiez aussi les CGV du moteur pour savoir comment il traite la question de la confidentialité de vos informations.
- Utiliser un moteur de TA ne pourra être intéressant « économiquement parlant » et efficace pour la qualité de vos projets que si vous investissez du temps dans l’entraînement de la machine, c’est-à-dire en l’alimentant dès le départ avec vos propres données, pour qu’elle s’entraîne
Tous les textes sont-ils adaptés à la « machine translation » ?
Tout dépend en fait du niveau de qualité que vous recherchez. Si vous avez des exigences qualitatives importantes, mieux vaut ne pas recourir à la TA.
Idem, si vous avez des projets de mise à jour récurrents, avec la TA, vous courez le risque d’un manque d’harmonisation d’une traduction à l’autre.
Par ailleurs, les textes rédactionnels et/ou pointus sont moins adaptés à la TA. Pour ces textes-là, il est toujours préférable de les confier à un traducteur humain plutôt qu’à une machine.
Mais pour tout un tas d’autres textes, la machine fait très bien son travail de « débroussailleuse » : elle traduit en un temps record des millions de mots, alors qu’il aurait certainement fallu des semaines voir des mois à 1 traducteur pour traduire le même volume.
Autrement dit, la TA est idéale pour appréhender le contenu global d’un document. Vous gagnerez du temps et de l’argent pour vous faire une idée rapide du contenu. Mais le résultat n’aura qu’un but informatif. Elle sera aussi appropriée pour adresser un message non stratégique. Par exemple, pour échanger par mails avec une relation professionnelle, dès lors que cela reste de l’ordre de la conversation, c’est-à-dire sans incidence particulière pour vous ou votre contact.
Rédigez des textes sources adaptés à la traduction automatique
Si vous souhaitez recourir à la TA et optimiser vos résultats, nous ne pouvons que vous conseiller de donner pour instructions à vos « rédacteurs » de rédiger des textes sources adaptés à la TA : écrire des phrases courtes, être logique et précis (employer les mots à leur sens littéral), éviter les expressions idiomatiques, le langage figuré et les références culturelles, éviter les oublis et respecter strictement les règles de ponctuation.
Pour vos communications « vitrine », privilégiez la « traduction humaine »
Pour vos projets de communication à destination de vos investisseurs, actionnaires ou autres partenaires éventuels, nous ne pouvons que vous recommander de recourir à nos équipes de traducteurs humains. Traduire correctement, la machine sait le faire. Mais adapter un texte aux spécificités culturelles, financières et juridiques de vos marchés cibles nécessitent encore que cela soit fait par un humain. Et ça, c’est le cœur de métier de nos équipes.